• Zed Black •

9H00. Voila ce qu'affichait mon réveil que j'avais repeint en rouge vif. Pour la première fois, il n'avait pas sonné. Bizarre. J'étais censé être levé il y a plus de deux heures. Énervé, je sortis de mon lit, balançant ma couette par terre. Je grelottais, il faisait froid. J'enfilais un pantalon noir, des chaussures noires, un T-Shirt rouge, que je cachais avec un sweat bleu. Je descendis rapidement les escaliers, et me dirigeais vers la Salle à manger. Mon ventre gargouillait, mais je savais d'avance que je n'allais pas être rassasier avec ce repas qui m'attendait.

Je m'assis au bout d'une table libre, prenant bien soin d'être sans contact avec les autres. Je préférai manger seul, plutôt que d'assister à un combat de charognards qui se battaient pour une feuille de choux. Je les comprenais, mais égoïste que j'étais je préférais garder mon maigre repas pour moi tout seul. Aujourd'hui j'eus droit à un mélange pâteux couleur kaki. Je crus distinguer du choux dedans, et peut-être quelques petits pois. Un peu d'eau, et voila j'étais servi.

Je mangeais la "soupe" lentement, histoire de bien digérer ce que je mangeais. C'était tout simplement infect et dégueulasse, mais au moins j'avais eu une part plus grosse que les autres. Evidemment c'était cette petite brune de service aujourd'hui, elle était folle de moi. Pas moi. Elle avait un nez pointu, des yeux noisettes, un front trop grand, et des cheveux gras. En gros, elle n'était pas belle, de mon point de vue. Enfin, au moins j'avais une bonne ration.

Je regardai autour de moi. Deux gosses faméliques de dix ou onze ans, se battaient pour cette mousse écoeurante. Je les observais vaguement, je m'ennuyais. Ils avaient tous les deux, des côtes saillantes. Couverts de poussières, ils étaient sales et maigres à faire peur. Avant, lorsqu'on était petits, on nous disait "Ne gâche pas la nourriture, pense au petits enfants dans le monde qui n'ont pas la chance d'avoir un vrai repas.". Et bien, maintenant, c'était nous, les petits enfants sans repas.

Je vis alors une fille, qui ressemblait plus à une jeune femme, aux longs cheveux blonds, avec un petit sourire sur son visage. Elle était belle, gracieuse. Je suis un gars difficile, je tombe rarement amoureux d'une fille, même si celle-ci est magnifique, et ressemble à un ange. Je la regardais d'un air indifférent, lorsque je m'en rendis compte, qu'elle se dirigeait vers ma table. Je me renfrognais.

Jade Cooper

T a l k in g t o t h e m o o n.


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Cher journal,

Je crois bien que je suis en train de devenir folle. J'ai faim. Ma famille me manque. Comme tout le monde ici, il me semble. J'ai pourtant la sensation de supporter la Zone bien moins qu'eux. Je m’énerve pour rien. Je pleure souvent. Mon seul soutien consiste à garder un maximum d'habitude. Je me lève tôt. Mange à heures fixes. Me change tous les jours, et me douche contrairement à certaines personnes. ( C'est absolument dégueulasse. ) Bref. Rien d'intéressant. Je n'en peux plus. C'est tout.

PS ; Je suis blonde. Encore. Je n'ai plus vraiment le choix de toute façon. Les teintures n'intéressent pas les autres. Heureusement pour moi.

Une larme coula sur le papier. La jeune fille ferma son journal d'un geste rageur et le jeta presque sur son bureau. Son petit réveil lui indiquait 8h55. Il était bientôt temps d'allée manger. Si Jade était réveillée depuis 7 heure du matin, elle n'était pas allée manger tout de suite. Habituellement, elle préférait garder ses habitudes mais ce matin, son estomac noué ne l'avait pas incitée à y aller tout de suite. Repousser, encore et encore, l'heure où elle se retrouverai face à une nourriture infect qu'elle devrait pourtant manger pour remplir son ventre vide. Encore en pyjama, elle soupira et se leva pour enfiler des vêtements propres. D'ailleurs, elle n'avait plus grand chose. Un pantalon, deux tee-shirt. Il lui faudrait bientôt tenter de trouver quelque chose pour nettoyer la pile de linge sale qui trônait sur sa chaise. Plus tard, plus tard. Jade enfila son jean claire et un haut blanc à manche courte, simple. Il ne faisait jamais très froid dans la Zone, mais il faut avouer qu'il ne faisait pas extrêmement chaud non plus. Fouillant dans le tas de linge, elle finit par trouver, Miracle ! un sweat gris clair encore propre. Pas exactement le genre de truc qu'elle aurait porté en temps normal, mais rien n'était normal de toute manière. Un coup de brosse pour démêler ses cheveux blonds, un peu d'eau sur le visage. Elle commençait à avoir faim, maintenant. Le réveil de son téléphone sonna. Il était 9h. La jeune fille prit le petit appareil et le mis dans sa poche même s'il ne servait plus à rien, et descendit les escaliers sans se presser. La salle à manger n'était pas tellement pleine. A une table, quelques enfants se battaient pour la bouillit bizarre qui était servie aujourd'hui. Du chou. Encore. Une autre table était occupée par un groupe de fille qui pouffaient, leurs bols vident empilés à côté d'elles. Et à une troisième table, il y avait un garçon, seul. Si Aaliyah avait conscience qu'elle risquait très fortement de le déranger, elle ne se sentait vraiment de s’asseoir à côté de tous ces gamins maigres qui semblaient vouloir faire comme si de rien n'était. Nerveusement, elle replaça une mèche derrière son oreille et s'approcha. Il était surement très beau, avec ses cheveux blonds et son visage calme. Mais elle avait autre chose à faire que d'y prêter attention. S'approchant, elle demanda vaguement ;

Hum.. J'espère que je ne te dérange pas. Est-ce que je me peux m'asseoir ici ?

Question débile, tellement débile.

Zed Black

Hum.. J'espère que je ne te dérange pas. Est-ce que je me peux m'asseoir ici ?

J'étais tenté de lui répondre par la négative. M'enfin, être méchant toute sa vie, c'est pas possible. Et puis, faut avouer qu'elle était plus mignonne que la fille du service, hein. Je n'ai pas répondu immédiatement. J'ai laissé le silence s'installer.
Oui, j'avais besoin de vide d'air. D'ailleurs, premièrement, même si elle était jolie la fille, ça n'voulait pas dire que je voulais lui parler. Je voulais rester seul, mais sans avoir à le dire. J'aurais aimé qu'elle le comprenne. Toute seule, comme une grande. Enfin, elle n'en avait pas décidé ainsi apparemment. Les gens ne se débrouillent jamais seuls. Ils attendent toujours quelque chose venant de l'autre pour être sûr. Sûrs que ce qu'ils font n'est pas mal. Même si certaines personnes ne s'occupent pas de l'avis des autres.

Sans faire attention à elle, je me levai avec mon assiette à présent vide, et marchai tranquillement vers cette fille qui était donc de service. Me voyant arriver, elle s'empourpra et laissa tomber la louche pleine de soupe, par terre. Il y eut des éclaboussures, le sol était maintenant vert. Sans y faire attention, j'évitai la flaque, et me dirigeai vers cette maladroite. Sans un mot, je lui tendis mon assiette blanche. Elle comprit, et me resservit une bonne portion. Mais pour moi, ce n'était pas assez. Je le lui fit comprendre avec une petite mou dubitative. Honteuse, elle rougit de nouveau. J'insistai du regard, et elle, craignant de se faire surprendre, jetait des regards furtifs de droite à gauche. Enfin, elle se décida à sortir de la poche de son tablier, discrètement, un gros morceau de pain, qu'elle me tendit de sa petite main blanche qui tremblait. Il était un peu dur, mais ce n'était pas le moment de faire des chichis. Le pain était rare dans la Zone, c'était un bien inestimable. Je souris brièvement, et m'en allai.

Je revins vers la jolie blonde, que j'avais déjà du croiser, même si je ne me rappelai pas de son nom. Celle-ci avait dur remarquer notre petit manège, puisqu'elle regardait d'un air suspect la bosse de la poche de mon jean. Je m’asseyais en face d'elle, et sortis le morceau de pain. Je le coupais en deux, et je plaçai l'un des morceaux devant son nez, sur la table en bois.

Désolé, je n'suis pas très bavard, dis-je en mordant mon pain.